commentaire "Crépuscule" de Guillaume Apollinaire
Lecture analytique 2/3
* Guillaume Apollinaire,
Alcools (1913).
« Crépuscule »
Introduction
« Ut pictura poesis » : « La poésie est comme la peinture », affirmait au Ier siècle avant Jésus-Christ l’auteur latin
Horace, dans son Art poétique. Cette analogie n’a pas échappé à Apollinaire qui, quelques vingt siècles plus tard, dans son recueil poétique Alcools, publié en 1913, tisse régulièrement des liens entre littérature et peinture. Ainsi, le poème
« Crépuscule », dédié à Marie Laurencin, semble faire allusion aux aquarelles du peintre et à l’atmosphère de rêve qui les baigne. Dans ce texte, composé de cinq quatrains d’octosyllabes, alternant rimes embrassées, rimes suivies et rimes croisées, Apollinaire met en scène des saltimbanques côtoyant des bohémiens. Le texte se présente comme le déroulement d’un spectacle à la fois familier et étrange, qui mêle aux figures de théâtre celles, plus énigmatiques, de la sorcellerie et de la mort. Le poème, nourri d’influences picturales et théâtrales, se prête alors à une double lecture : à travers les tréteaux dressés d’une pantomime s’y lit une fable symbolique, dont la leçon pourrait être plus grave qu’on ne le croit.
Problématique : Comment la rencontre entre le familier et l’étrange dans « Crépuscule » célèbre-t-elle finalement les pouvoirs de la poésie tout en invitant à concevoir le travail du poète en tant que collage poétique ?
(Annonce du plan)
I.
Un poème sous forme de tableau : la pratique d’une description très minutieuse
a) La présence, marquée, diffuse, de la peinture
L’importance de la dédicace : Dédié à une jeune femme peintre qui fut, pendant un temps, la compagne du poète,
« Mademoiselle Marie Laurencin », célèbre pour ses aquarelles, le poème « Crépuscule » met en exergue les liens très forts qui existent, dans l’ensemble du recueil Alcools, entre poésie et peinture. Non seulement Apollinaire a exercé une importante activité de critique d’art, mais bon nombre de ses