Commentaire générale sur ruy blas
Mélange des genres :
La reine est une héroïne tragique, par sa situation sociale au-dessus des mortels ordinaires, sa position de solitude devant son destin, son statut de victime par rapport à un ennemi qui cherche à la perdre, ses pressentiments des malheurs qui vont s’abattre sur elle, la dignité de son comportement.
Don Salluste, personnage froid, ambitieux, fourbe, méfiant, mais très intelligent et très bon comédien, agit dans l’ombre pour mettre au point une machination machiavélique, ce qui est du domaine du mélodrame.
Ruy-Blas, valet devenu grand seigneur, appartient au mélodrame par sa situation sociale et à la tragédie par la noblesse de ses sentiments.
Don César, grand seigneur déchu, appartient à la fois à la tragédie par sa droiture et à la comédie par ses aventures et sa philosophie de l’existence.
La pièce s’achève par la mort du héros, comme dans la tragédie classique.
Le langage des héros est noble et soutenu, donc tragique ; celui de César et de personnages secondaires (par exemple, la duègne) est familier, comme dans la comédie.
Certains jeux de scène ou situations sont caractéristiques de la comédie et même de la comédie burlesque (la reine se cache derrière une tenture pour épier ; César pénètre dans la maison par la cheminée, puis il enivre un laquais et le corrompt avec une bourse d’argent).
Refus de la règle classique de l’unité de temps par vraisemblance : l’action se déroule sur plusieurs mois, alors que le temps réel de la pièce est de moins de deux heures.
Complexité de l’intrigue avec imbrication d’épisodes anecdotiques qui sont contraires à la règle classique de l’unité d’action.
Non-respect de l’unité de lieu, troisième règle classique du bon goût théâtral.
Rôle de l’Histoire :
Insertion de l’action dans un contexte historique avec le souci de la précision et de l’authenticité.
Recherche de la « couleur locale » pour donner l’illusion de la réalité, contrairement à