commentaire Le Pont Mirabeau Guillaume Apollinaire
Ainsi, afin d’analyser ce poème nous nous demanderons en quoi ce poème relève-t-il d’un renouvellement original du lyrisme romantique ?
Nous nous attacherons à étudier dans un premier temps la dimension élégiaque de ce texte et son héritagelyrique. Néanmoins nous nous axerons dans une seconde partie sur le renouvellement de ce lyrisme et sur l’originalité à la fois signifiante et troublante du poème.
Ainsi remarquons tout d’abord que le poème Le pont Mirabeau se situe dans la continuité des œuvres romantiques du XIXème siècle tels que Victor Hugo, Gérard de Nerval ou Lamartine.
En effet on retrouve des similitudes notammentdans le cadre du registre lyrique et de l’expression des sentiments. Tout d’abord on trouve ici par exemple l’expression de soi à travers l’utilisation récurrente de la première personne du singulier, l’auteur se met en scène à travers une expérience personnelle. Cette mise en scène passe par un décor propice à l’épanchement de sentiments amoureux du poète : Paris, ville romantique par excellenceavec « le Pont Mirabeau » et « la Seine » l.1-22. L’amour lui-même occupe une place importante dans le poème, de façon explicite et récurrente :« nos amours » l.2, « l’amour » l.13, «les amours » l.21 mais également de façon plus symbolique à l’image du pont lui-même, jonction implicite entre les deux amants, en effet l’auteur assimile ses mains jointes à celles de sa bien-aimée « les mains dans lesmains » l.7 à l’édifice : « le pont de nos bras » l.9. Cette métaphore exprime de façon somme toute classique l’amour immortel, stable et indestructible à l’image du pont Mirabeau.
Cependant c’est avant tout un amour regretté qu’évoque Apollinaire, et à travers le regret d’un amour déchu c’est avant tout de la fuite du temps dont il est question. Il s’agit ainsi d’une douleur élégiaque qui estexprimée : le mot amour passe du pluriel au singulier, illustrant une perte. Les strophes 3 et 4 aboutissent sur l’échec de l’amour « l’amour s’en va » l.14.
Cette mélancolie s’exprime tant sur le fond que sur la forme. En effet le champs lexical du temps ne laisse aucun doute sur l’obsession du poète : « jours »l.6, 12, 18, 23 « heure » l.5, 11, 17, 22 « les semaines » l.19, « la vie » l.15, ils’agit bien du temps qui passe irrémédiablement, ainsi le poème prend une nouvelle tonalité, celle du registre élégiaque qui va ici de pair avec le registre lyrique. La forme du poème elle-même évoque une avancée sempiternelle, une mélancolie lasse : la répétition du refrain « Vienne la nuit sonne l’heure/Les jours s’en vont je demeure » est un martèlement pour le lecteur, l’affirmation d’unevérité immuable que l’auteur rappelle sans cesse avec une monotonie voulue : la solitude face à la fuite du temps. Le premier vers est d’ailleurs repété à la fin du poème, marquant ainsi une circularité inaltérable. De plus, au fil du poème, au fil de l’eau, les anaphores se font de plus en plus nombreuses : « Comme » l.13, 15, 16 « Ni » l.20, 21 « amour »l.2, 13, 21 et le poème tout entier est...
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