Commentaire rédigé des animaux malades de la peste
C’est sur la fable les animaux malades de la peste que s’ouvre le livre VII des Fables de La Fontaine. Cet auteur classique du XVIIème siècle y souligne dans un registre satirique l’injustice qui règne à la cour, en montrant comment un conseil réuni par le lion pour châtier « le plus coupable », finit par sacrifier en réalité le moins coupable de tous. La Fontaine n’adapte pas ici une fable d‘Ésope, son modèle grec habituel, mais reprend une tradition médiévale : on trouve en effet une histoire semblable dans les Apologues de Haudent en 1547 : la Confession de l’Asne, du Renard et du Loup. Dans quelle mesure cette fable peut-elle se lire comme une dénonciation habile de la justice royale ? Nous verrons comment La Fontaine use des ressources du tragique pour critiquer une parodie de procès et faire une satire de la cour fondée sur l’ironie.
La composition de la fable met en évidence une situation initiale qui dresse un tableau sombre des ravages de la peste vers 1 à 14 ; La Fontaine donne ensuite la parole au lion, qui propose, pour apaiser la colère du ciel, que chacun confesse ses fautes pour que soit puni le plus coupable (vers 15-24) ; il donne lui-même l’exemple vers 25-33. Le renard vers 34 à 43 excuse alors les fautes du prince, et il en va de même pour les « autres puissances » comme le Tigre ou l’Ours, vers 44 à 48. Vient alors la confession de l’âne qui avoue un péché mineur, vers 49 à 54, ce qui suscite l’indignation générale et débouche sur sa condamnation unanime vers 55 à 62. La morale, qui succède au récit dans les deux derniers vers, explique que la force est toujours innocente, et la faiblesse toujours coupable. C’est donc dans un contexte tragique que La Fontaine situe son récit, en exposant d’abord les ravages d’un fléau interprété comme un châtiment divin, puis en montrant comment s’opère le choix d’un bouc émissaire sacrifié pour blanchir les autres. La