La gestuelle et la rapidité du tempo qu’il imprime à la scène. « galoper » « fuir » « s’envoler » : le mouvement, l’impatience du personnage. Irrépressible comme un éclat de rire ; toutes les surprises, voire les catastrophes semblent possibles (comme le montre la métaphore de l’explosion ; « je détonne au milieu de la pièce »). Assimilé par Claudel à un « clown de crique »il possède l’art de jouer avec le plus modeste accessoire (l’étoffe rouge du tailleur se transforme entre ses mains en muleta avec laquelle il excite les machinistes). Mais il peut aussi se contenter du mime, indépendamment de tout objet (« pédaler à toute vitesse »). Burlesque présent dans ses propos, leur désinvolture et le mélange bouffon des registres. Contraste entre gravité tragique et familiarité comique. Tragique : personnages nobles, homme blessé en danger de mort, amour impossible, l’Irrépressible parle d’« escaliers du délire » et utilise un ton de confesseur. Comique : familier de l’Irrépressible (« maman », « chatouille », « crever »). Registre tragique alors desamorcé par la désinvolture à l’égard des protagonistes du drame. L’Irrépressible est aussi un illusionniste, un magicien dépassé par ses propres pouvoirs. La machine qu’il a lui-même laissé s’emballe, et il essaie de retenir ce mouvement qu’il a impulsé. Celui qui n’a « pas eu la patience de moisir dans cette loge », qui n’a pas su « attendre son costume », en est réduit à son tour à crier à Dona Honoria : « attendez que j’aille vous chercher ». La vision à la fois burlesque et fantastique du chien sans tête résume bien cette accélération comique. Claudel cherche à nous faire réflechir sur le théâtre. Cette scène donne à voir les aspects techniques et matériels d’une représentation. « sous les yeux même du public », les machinistes accomplissent leur travail. Illusion réaliste détruite. Idée de pesanteur, de lourde matrialité : « déménagement général ». Théâtre est affaire de procédés, de truquages et d’imagination