commentaire supplément au voyage de bougainville diderot
Les deux personnages envisagent la question de la sexualité à Tahiti. Or cette question est un point qui séduit l’imaginaire du XVIIIème siècle par rapport au monde sauvage. C’est le problème du libertinage amoureux, qui s’est également posé dans la littérature avec des œuvres comme Les égarements du cœur et de l’esprit de Crébillon ou Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Le discours d’Orou est d’ailleurs lancé par le mot « libertin ».
Diderot s’inspire donc d’un sujet traditionnel du discours sur les mœurs sauvages : la sexualité. Mais son approche est originale : il n’y a pas de pittoresque douteux. La liberté sexuelle tahitienne n’est pas traitée en tant que telle, mais comme un instrument de la critique des mœurs européennes. L’utopie tahitienne devient un instrument de la critique de l’Europe.
I. Un dialogue critique
1) Fonctionnement du dialogue entre l’aumônier et Orou
Cet extrait se structure en deux parties fortement antithétique, toutes deux construites sur le même schéma : succession de répliques courtes, puis une longue réplique qui expose le fonctionnement d’une société : l’Europe puis Tahiti. Cependant la domination d’Orou apparaît déjà. Dans les deux cas, c’est lui qui énonce les répliques les plus longues.
Les premières répliques de l’aumônier s’apparente à une parole judiciaire, de l’ordre du jugement.
A l’assurance de l’aumônier s’oppose le refus d’Orou.
Apparemment les deux interlocuteurs entretiennent une relation d’amitié : « mon ami », mais il s’agit en fait un dialogue de sourds. L’aumônier ne répond pas aux questions d’Orou qui n’en sont d’ailleurs pas de réelles, mais plutôt une façon de rompre le dialogue et de remettre en cause le fondement idéologique de ces mots.
Dans la deuxième partie du texte, c’est Orou qui refuse de répondre aux questions de l’aumônier « O étranger ! ta dernière question achève de me déceler la profonde misère de ton pays »
2) Renversement du schéma ethnographique