Commentaire sur antigone de brecht
Pour adapter la pièce de Sophocle, Brecht a utilisé la traduction de Hölderlin. Représentée pour la première fois en février 1948 à Coire, alors que Brecht se trouvait en Suisse, publiée - en 1949 - dans le célèbre Antigonemodell, cette oeuvre nous permet de préciser le rapport de Brecht au classicisme et à la tradition. Même si l'on admire toujours le choeur d'Antigone comme l'un des plus grands poèmes jamais écrits, que signifie pour nous, aujourd'hui, politiquement le drame de Sophocle ? Lorsqu'elle fut jouée dans l'adaptation de Brecht, pour la première fois, c'était dans l'effondrement matériel et spirituel de l'Allemagne de 1945. De toutes parts s'affirmait le besoin de recherches artistiques nouvelles, fût-ce dans des théâtres en ruines. En fait d'art nouveau, Brecht monta Antigone, affirmant que la pièce était très actuelle : elle montre ” la signification du recours à la force quand l'Etat tombe en décadence”. Antigone, c'est l'histoire, mais non celle des pauvres. Ceux-là n'apparaissent pas dans la pièce. Ils ne comprennent pas l' histoire. On parle et on agit pour eux; Ils sont tout juste bons à mourir en serant Créon qui lui même ne fait que brandir le glaive que les marchands et les bourgeois lui ont donné pour défendre leurs intérêts. Assurément, comme l'affirme Brecht dans la préface écrite en 1948, ” même si on se sentait obligé de faire quelque chose pour une oeuvre comme Antigone, le seul moyen d'y parvenir serait encore de lui faire faire quelque chose pour nous “.
Il ne s'agissait pas de retraduire Sophocle, mais de l'actualiser au niveau de la mise en scène. C'est pourquoi Brecht publie le pièce accompagnée de nombreuses photos de mise en scène. Le “modèle” qui est toujours ” un mélange d'éléments exemplaires et d'éléments sans exemple”, n'est pas une contrainte: c'est un certain aboutissement du travail collectif que chacun peut améliorer ou aménager. Cette mise