Commentaire d'un extrait de huysmans
(1848-1907)
À Rebours (1884) Chapitre XV
(Extait)
Par Robert Ferrieux
[Huysmans, d'origine hollandaise, mais né, élevé et habitant à Paris, mena pendant trente ans deux carrières : celle de fonctionnaire à la Sûreté Générale et celle d'écrivain. Symboliste, naturaliste, puis spiritualiste, il adhéra successivement à tous les courants littéraires de son temps. Dès le début des années 80, il se tourna de plus en plus vers lui-même à travers son personnage, Durtal, qui rejoint le catholicisme après avoir flirté avec le… satanisme. L'œuvre, encore très féconde, se fit alors quasi autobiographique, mais à la troisième personne.
Tel était déjà, en 1884, le cas d' À Rebours, sorte d'essai en négatif d'une décadence (cf. commentaire) poussée à son extrême limite. Ce n’est pas une autobiographie, ni même un roman autobiographique. Le narrateur, omniscient, doué d'ubiquité et de clairvoyance, prétend observer son personnage de l’extérieur. Pourtant, le regard que relaye sa voix pénètre à l’intérieur de la conscience du héros avec une telle intimité que le livre s’apparente à une pseudo-autobiographie. La focalisation interne est poussée au point que le lecteur oublie ce narrateur : «Il», c’est «moi», celui de des Esseintes, dandy revenu de tout, qui a fait du seul esthétisme sa raison d'être et son mode d’existence. Après qu'il a comblé au paroxysme chacun de ses sens avec une méticulosité et une recherche aussi maniaques qu'éperdues, la maladie le rejoint et, plus vulnérable, il s’abandonne à certains compromis, trop tard, cependant. La fin est proche et il retourne, comme malgré lui, à la quintessence, ici de la musique. Il y a eu Bach (évoqué dans un précédent paragraphe non inclus ici), aujourd’hui, il se repaît, par le souvenir, d'un certain romantisme.]
[…] Il s'était donc résolument écarté de l'art musical, et, depuis des années que durait son abstention, il ne se rappelait avec plaisir que certaines séances de musique de