Question de corpus autobiographie
330 mots
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Dans les quatre textes du corpus, chaque auteur parle de lui-même. Toutefois, chacun recourt à un choix énonciatif différent. Marguerite Duras (texte 2) et Charles Juliet (texte 3) semblent avoir du mal à assumer leur passé. La première a en effet vécu une histoire d’amour douloureuse (« l’histoire de son amour avec un Chinois de Cholen », l. 17) tandis que le second a été placé dans une famille d’accueil après la mort de sa mère (« ton père t’a confié à M. et Mme R. », l. 4). Le respect du pacte autobiographique semble impossible dans ces conditions. Marguerite Duras recourt à une narration à la troisième personne (« L’enfant va voir vers le bar », l. 1) qui établit une distance entre l’auteur-narrateur d’une part et le personnage d’autre part, distance si fragile qu’elle est contrebalancée par l’emploi du présent de narration. Charles Juliet raconte sa petite enfance à la deuxième personne (« Tu es le dernier des quatre enfants », l. 1) et accentue la distance qui le sépare de l’enfant par l’emploi d’un prénom qui n’est pas le sien (« Jean », l. 22). Nathalie Sarraute (texte 1) et Sophie Calle (texte 4) semblent au contraire respecter le pacte autobiographique. Ce dernier est explicite dans le texte 4 : le « je », narrateur-personnage, est en effet également désigné par le prénom de l’auteur « Sophie ». Toutefois, l’auteur ne fait pas pleinement confiance à l’écriture autobiographique puisqu’elle éprouve le besoin d’insérer dans son texte une image, comme si l’image seule pouvait précisément rendre compte du passé. La même remise en cause de l’écriture de soi apparaît dans le texte de Nathalie Sarraute et vient perturber l’énonciation. En effet, une voix interrompt le récit autobiographique à la première personne pour le commenter et interpeller, à la deuxième personne, l’écrivain (« pour une fois que tu as cette chance de posséder, toi aussi, de ces souvenirs », l. 16-17). Ainsi, ces quatre autobiographies contemporaines présentent des choix