Commentaire L'Etranger
L'étranger, Charles Baudelaire
L’étranger, de Charles Baudelaire , est un poème en prose paru en 1862 placé en tête du recueil comme ouverture. Le texte se présente sous la forme d’un dialogue, sans que ce soit du théâtre puisque le nom des locuteurs ne nous est pas fourni, et qu’on n’a pas sur eux de réels renseignements. Ce dialogue se déroule entre deux inconnus dont l’un, cherche à percer le mystère de l’identité de l’autre à travers un interrogatoire.
Le questionneur, qui tutoie son interlocuteur, lui pose d’abord, avec bienveillance et courtoisie, en usant de cette marque de l'oralité, «dis?», qui est une expression familière, une question quelque peu étonnante car elle porte sur ceux qu’il aime, en supposant d’emblée qu’ils doivent être les membres de sa famille. L’interrogé répond négativement, en reprenant avec détermination les termes du questionneur dans le même ordre. De ce fait, les autres questions de l’interrogateur, chez qui on peut supposer une certaine irritation, se font ensuite brutales, dans des phrases de plus en plus raccourcies jusqu'au monosyllabe. Le questionneur s’enquiert des «amis», supposant peut-être qu’étant choisis par affinités, ils peuvent supplanter la famille qui, elle, n’est pas choisie.
Dans sa deuxième réponse, l’«homme énigmatique» vouvoie l’interrogateur : il refuse donc la familiarité, désire maintenir une distance entre lui et les autres, et, en particulier entre lui et le questionneur. Ainsi, si «l’homme énigmatique» semble sans lien social, peut-être est-il un esthète? Le questionneur évoque donc «la beauté». L’autre ne la refuse pas, mais la voudrait soumise à une haute exigence : il faudrait qu’elle soit «déesse et immortelle».
D’ailleurs, de l’évocation de cet idéal, le questionneur passe brutalement à son antithèse, mais qui est peut-être ce qui lui importe le plus à lui : «l'or», la richesse qui implique la puissance.
La gradation étant nette, la réponse du questionné est violente, par