Commentaire
En désaccord avec les travaux les plus récents d'histoire économique de la Grèce antique à propos de l'esclavage, Raymond Descat appuie ses propres recherches sur ceux de Max Weber, qui lui semblent plus pertinents. Les premiers récusent une approche économique, en termes de profit au plan micro-économique, et d'efficacité au plan macro-économique, de l'esclavage, qu'utilise au contraire le second en s'appuyant sur le principe de sa rationalité, au sens de la rationalité économique. Ils lui préfèrent une approche plus sociale en termes de domination et de soumission. Dans son article, Raymond Descat ne dit mot d'un pendant de cette approche qui est pourtant omniprésent dans l'œuvre sociologique de Max Weber, et qui propose une analyse de la domination également fondée sur une rationalité qui pourrait bien être du même ordre, sinon s'exprimer en de mêmes termes. Toute l'œuvre de Max Weber est ainsi construite sur des cheminements historiques identiques, envisagés d'un même point de vue d'analyse, mais qui s'expriment dans les termes variés des différents domaines de la vie sociale envisagés. Il suffit de lire en parallèle sa Sociologie du droit (Rechtssoziologie rédigée vers 1911-1913, trad. française, Paris, PUF, 1986) et son Histoire économique (Wirtschaftsgeschichte, 1923, trad. française, Paris, Gallimard, 1991) pour s'en convaincre. Le problème posé par une approche, en termes wébériens, de rationalité, subdivisée en rationalité économique, rationalité juridique, rationalité sociale etc… renvoie donc l'historien à celui des catégories et des domaines plus ou moins nécessairement cloisonnés des sciences sociales. Indispensables boites à outils conceptuels les unes des autres, celles-ci peuvent-elles rendre compte de ce qui conditionne et anime la vie sociale dans le long terme de l'histoire ? L'histoire ne peut esquiver ni la question de l'émergence des catégories d'analyse permettant de penser les activités humaines au cours de l'histoire, ni celle