Compte rendu
Rousseau, c'est d'abord l'homme de la sensation.
Il s'y livre totalement, se laisse envahir et absorber par elle. Sa réceptivité, extrême, est faite de plasticité, de passivité.
Toutefois, il y a une remarque très importante à faire :
Rousseau n'est pas sensible indifféremment à toutes les impressions venues du dehors. Sa sensibilité est sélective, ou, si l'on préfère, il y a primat de la sensibilité sur la sensation, ou pour parler comme Rousseau lui-même, de la sensibilité morale sur la sensibilité physique. Dans le cas de Rousseau, il prend fin brutalement, par un traumatisme. L'aventure du peigne cassé a des conséquences incalculables: elle marque l'apparition du mal dans la conscience de Rousseau. La découverte de l'injustice entraîne la fin de l'innocence par cela même que l'enfant s'aperçoit tout d'un coup que cette communion des coeurs à laquelle il croyait était un mensonge
La connaissance de soi est pour
Rousseau une donnée immédiate de la conscience. Le moi se découvre et se possède d'un seul coup dans la lumière du regard intérieur. Une difficulté toutefois, c'est que la connaissance de soi est toujours immédiate mais toujours nouvelle, le moi étant naturellement soumis à la durée et au changement. Aussi, chaque fois que Rousseau s'interroge, il découvre un moi différent dont la vérité est incontestable mais éphémère. C'est une des raisons qui l'ont amené à recommencer plusieurs fois ses recherches introspectives :
Confessions, Dialogus et Rêveries. Le drame de Rousseau est donc fondamentalement un drame existentiel, qui se situe au niveau le plus profond de son être. La souffrance qu'il éprouve