Comédie et tragédie
Dans son ouvrage consacré à Beethoven, Eric-Emmanuel Schmitt a raison de rappeler la distinction qu’effectuait Aristote entre comédie et tragédie.
La première sʼattache à mettre en lumière ce qui dans l’être humain est petit, mesquin, tordu ou pervers. La seconde exalte plutôt ce en quoi l’Homme est capable de se dépasser, ses vertus et leur possible épanouissement jusque dans lʼhéroïsme. Même si cette distinction un peu radicale a été contestée, rien nʼempêche dʼen tirer quelques enseignements.
Le comique, qu’on identifie ici en simplifiant à la comédie, veut faire rire. En première analyse, il s'exprimerait donc sur le mode de la joie, de la légèreté. Le comique serait donc lʼoptimiste.
Le tragique, lui, pèse assurément plus lourd, surtout lorsquʼil tend au pathétique. Il déroule sa trame sur fond de larmes, de déceptions ou dʼinsatisfactions. Il serait donc le pessimiste.
Pourtant, à y regarder de plus près, le comique met en lumière les aspects les plus dégradants de lʼhumanité. Il les met en lumière pour en rire - cʼest la dérision - mais non pour les dépasser ou les vaincre. Le comique se moque. Or, remarque finement Amélie Nothomb, «se délecter de la médiocrité dʼautrui reste le comble de la médiocrité». En langage «psy»: se défausser sur la médiocrité de lʼautre pour faire pièce à la sienne propre. Cʼest sans doute amusant mais, au fond, extraordinairement triste. Cʼest justement parce que le comique dit souvent vrai, même en forçant le trait, quʼil est en réalité davantage pessimiste quʼoptimiste.
Quant à la tragédie, elle repose souvent sur lʼidée de sacrifice - ce qui nʼest pas très drôle - mais elle affirme ou laisse entendre que lʼhomme peut se dépasser et ne pas céder aux tentations de la veulerie et de lʼaccommodation aux intérêts individuels. En soi, cʼest plutôt encourageant et cʼest alors la tragédie qui serait optimiste!
Aujourdʼhui, il faut «être drôle», savoir faire rire son entourage. Avoir le sens de lʼhumour