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Le mérite doit-il régir les sociétés contemporaines ?
Plan et principales citations
Bibliographie succincte :
Yves Michaud, Qu’est-ce que le mérite ?, 2009.
Marie Duru-Bellat, Le Mérite contre la justice, 2009.
Philippe Van Parijs, Qu’est-ce qu’une société juste ?, 1991.
I. Si la prise en compte des mérites individuels est indissociable de notre modernité libérale, la méritocratie est fréquemment dénoncée comme un obstacle à une authentique justice sociale
A. Le mérite s’est imposé comme le principe régulateur des sociétés démocratiques contemporaines 1. En France, la Révolution a fait de « l’égal accès des individus aux charges publiques, en fonction de leurs talents » l’un des fondements du régime républicain
Voltaire, Épiphylle, 1732 (vers repris ensuite dans Mahomet ou le fanatisme, 1741) :
« Les mortels sont égaux ; ce n’est pas la naissance
C’est la seule vertu qui fait la différence
C'est elle qui met l'homme au rang des demi-dieux ;
Et qui sert son pays n'a pas besoin d'aïeux...
Mes grandeurs sont à moi : mon sort est mon ouvrage...
Je n'ai plus rien du sang qui m'a donné la vie ;
Il a dans les combats coulé pour la patrie :
Je vois ce que je suis, et non ce que je fus,
Et crois valoir au moins des rois que j'ai vaincus. »
Voltaire, Mérope (20 février 1743), tirade de Polyphonte, III, 1 :
« Le premier qui fut roi fut un soldat heureux ;
Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux,
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Je n'ai plus rien du sang qui m'a donné la vie :
Ce sang s'est épuisé, versé pour la patrie :
Ce sang coula pour vous ; et, malgré vos refus,
Je crois valoir au moins les rois que j'ai vaincus. »
Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, 1778, acte V scène 3, monologue de Figaro : « Parce que vous êtes un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie!…Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela vous rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de bien ? Vous vous
êtes