Congres de la paix
Victor HUGO
Ce discours est sans doute à lire en rêvant qu’un élu français, un écrivain français, le prononce devant des instances internationales.
On le lira aussi en pensant à quel point il serait insupportable aux oreilles des dirigeants des principales puissances mondiales d’aujourd’hui. Il suffirait qu’Obama en dise le dixième pour que le Pentagone l’invite à faire un tour en voiture décapotable à Dallas.
Par contre, nombre de dirigeants latino-américains que détestent nos médias s’inscrivent dans cette verve humaniste qui traverse les siècles sans vieillir.
Et c’est ainsi qu’Hugo est grand.
LGS.
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Messieurs, beaucoup d’entre vous viennent des points du globe les plus éloignés, le cœur plein d’une pensée religieuse et sainte ; vous comptez dans vos rangs des publicistes, des philosophes, des ministres des cultes chrétiens, des écrivains éminents, plusieurs de ces hommes considérables, de ces hommes publics et populaires qui sont les lumières de leur nation. Vous avez voulu dater de Paris les déclarations de cette réunion d’esprits convaincus et graves, qui ne veulent pas seulement le bien d’un peuple, mais qui veulent le bien de tous les peuples. (Applaudissements.) Vous venez ajouter aux principes qui dirigent aujourd’hui les hommes d’état, les gouvernants, les législateurs, un principe supérieur. Vous venez tourner en quelque sorte le dernier et le plus auguste feuillet de l’Evangile, celui qui impose la paix aux enfants du même Dieu, et, dans cette ville qui n’a encore décrété que la fraternité des citoyens, vous venez proclamer la fraternité des hommes.
Soyez les bienvenus ! (Long mouvement.)
En présence d’une telle pensée et d’un tel acte, il ne peut y avoir place pour un remercîment personnel. Permettez-moi donc, dans les premières paroles que je prononce devant vous, d’élever mes regards plus haut que moi-même, et d’oublier, en quelque sorte, le