Conseils
En 1983, dans son ouvrage Du Spirituel au cinéma (Edition du Cerf, coll. 7e art), Guy Bedouelle nous avait proposé un essai passionnant sur les aspirations du cinéma à traiter de questions religieuses et à son pouvoir particulier d’évocation qui le distinguerait des autres médias. Avec L’Invisible au cinéma, l’éminent théologien dominicain de l’Université de Fribourg en Suisse aborde à nouveau ce thème qui lui est cher, de manière toutefois différente. Plutôt que d’approfondir sa réflexion ou l’étendre à d’autres cinéastes chrétiens (il s’était alors concentré sur Bresson et Rohmer), Guy Bedouelle prend le parti de nous livrer ses considérations sur un ensemble éclectique de films de cultures diverses et de cinéastes - souvent non-croyants - tels qu’il a été amené à les découvrir au cours du temps. L’ouvrage tire sa substance des très nombreux textes qu’il a consacrés au cinéma depuis une trentaine d’années : principalement des chroniques dans le mensuel jésuite suisse Choisir, mais aussi des contributions ponctuelles dans d’autres revues théologiques (Communio, Revue d’Ethique et de théologie morale, Lumière et vie,...). Il ne s’agit pas pour autant d’une anthologie. La comparaison avec le montage serait plus appropriée : les textes existants ont été soumis à une relecture et puis regroupés dans différents chapitres thématiques, sans référence avec le contexte qui les a vu naître. La démarche adoptée est ainsi humble et réfléchie. Guy Bedouelle se revendique littéralement de l’idée d’« approximation » (qu’il emprunte à Charles Dubos), soulignant par là son désir de transmettre sa compréhension personnelle du cinéma tout en préservant la part d’incommunicabilité qu’il recèle, la dimension proprement « invisible » qui résiste à l’analyse. Par la nature même de sa composition, L’Invisible au cinéma est inégal. Certaines analyses frappent par leur lucidité et la vaste