D’abord professeur de français puis réalisateur, Eric Rohmer ne tolère aucune faute de français, en particulier au cinéma. C’est pourquoi dans Conte d’été, le langage utilisé par les acteurs semblent si peu naturel. Pourtant tout est réfléchi et cal culé dans ce film, rien n’est laissé au hasard, hasard qui reste le sujet principal de l’œuvre. Si Eric Rohmer fait tout pour déstabiliser les spectateurs, c’est qu’il a ses raisons : appartenant à la Nouvelle Vague, le réalisateur ainsi que d’autres de ses congénères reprochent au cinéma français d’être un cinéma de papa. En effet, ils s’indignent du fait qu’ils ne montrent pas la réalité au spectateur. Ce dernier est là pour visionner une histoire à laquelle il peut s’apparenter, s’identifier, et à la fin de laquelle les mots « The End » le sortent du court voyage dans lequel il se trouvait. Les cinéastes de la Nouvelle Vague critiquent ce mensonge que fait le cinéma classique à la population. Il ne faut pas mentir à la société et il faut ainsi interrompre la production de films d’amour lorsque le pays est en guerre. Les réalisateurs de films plus modernes, comme À bout de souffle de Jean-Luc Godard ont pour objectif premier que les spectateurs soient distanciés et qu’ils sachent pertinemment qu’ils regardent un film. C’est pourquoi Rohmer, avec un langage plus littéraire que réel nous tient à distance de Conte d’été : on ne peut, ni ne doit entrer dans l’histoire.
Mais bien que le maître ait voulu instaurer une distance, son histoire s’inscrit dans la réalité, notamment dans celle des lieux. Le film n’est pas tourné en studio mais dans la rue elle-même, non seulement pour une question de budget mais surtout pour capter les visages et émotions des passants à la vue des caméras. En outres, Rohmer ne donne aucune indication de mise en scène quant à la gestuelle des acteurs. Ces derniers dotés de micros-cravates sont filmés tels quels. En dehors du texte qu’ils doivent mémoriser, tout le reste est spontané et