conte
Le pauvre Digitalin, nommé ainsi parce qu'il accrochait toujours à son petit chapeau un brin de digitaline (fleur appelée également gantelet de bergère ou doigt de sorcière) souffrait de son infirmité car les paysans le craignaient, pourtant cette pauvre créature était aussi inoffensif qu'un enfant en bas âge nouveau-né, mais sa bosse était si grande qu'il ne semblait pas humain et on racontait à son sujet des flots d'histoires étranges. On dit qu'il était sorcier et qu'il connaissait les charmes. En fait, Digitalin était un artisan fort doué pour tresser la paille et le jonc dont il faisait des paniers et des chapeaux si beaux qu'ils se vendaient un penny plus cher que tous les autres.
Un soir Digitalin revenait de Cahir, une jolie petite ville, et regagnait sa demeure, il s'assit un moment près des anciens fossés de Knockgrafton pour soulager sa fatigue. Il s'endormit. Tard dans la nuit alors que la lune illuminait le ciel, il entendit monter des douves une musique fort belle, mais qui semblait d'un autre monde, une mélodie si prenante que le bossu écouta de toutes ses oreilles jusqu'à être lassé de l'entendre répéter.
Elle était comme le bruit de beaucoup de voix, chacun se mélangeant et se mélangeant avec l'autre tellement étrangement, qu'elles semblaient être une, et cependant toutes différentes. Les mots de la chanson étaient ceux-ci: