En France, le milieu de la Défense bruit depuis quelque temps d'une rumeur insistante : l'Etat « réfléchirait » à la promulgation d'une doctrine sur des sociétés militaires privées à la française. Un colloque à huis clos a été organisé fin septembre sur le sujet par le SGDSN en partenariat avec la Fondation pour la recherche stratégique. La perspective d'une résurrection du mercenariat national, enterré juridiquement dans les sables de la loi d'avril 2003, ne va naturellement pas manquer de nourrir les fantasmes et les caricatures sur la renaissance des « chiens de guerre » et autres mythes « barbouzards » si chère à l'imaginaire journalistique. Convoquer les fantômes de Jean Schramme ou de Bod Denard, n'aidera pourtant pas à comprendre le phénomène de privatisation de la sécurité internationale qui se joue actuellement à l'échelle mondiale. Les avancées opérées par la Suisse et les organisations internationales via le document de Montreux montrent qu'un travail pragmatique de standardisation au niveau international est à l'œuvre, bien loin des crispations et des tabous auxquels prête régulièrement le débat en France. Alors qu'un code de conduite en la matière a été signé le 9 novembre à Genève par les représentants d'une soixantaine d'entreprises de sécurité, l'Etat français a, pour l'heure, décidé de rester en marge de ce mouvement et de s'en tenir à une simple « réflexion ». Une passivité qui pourrait lui coûter cher à terme, autant d'un point de vue économique que géostratégique.
Contexte et enjeux - La France, à l'exemple de l'ensemble des armées occidentales, s'est en effet engagée depuis vingt ans dans un processus continu de réduction de ses effectifs militaires. Est-il besoin de le souligner ? La réforme structurelle de l'appareil de Défense conduite par la Révision générale des politiques publiques, dont les orientations ont été actées par le Livre blanc 2008, et un discours stratégique aimanté désormais par la nécessité du « recentrage des armées