Contrat social livre 4
De l’organisation pratique
Tant que, dans un petit Etat, les hommes se considèrent comme faisant partie d’un même tout, la volonté générale n’a pas de mal à s’exprimer.
Quand le lien social commence à se relâcher, l’unanimité ne règne plus, les intérêts particuliers se manifestent, les discussions se multiplient.
La volonté générale n’exprimant plus les suffrages, l’unanimité n’est indispensable qu’une fois, lors de la conclusion du pacte fondamental. Les éventuels opposants ont le droit de résidence, à condition de se soumettre à la souveraineté.
Par la suite, la majorité suffit, dans la mesure où elle est considérée comme exprimant la volonté générale, c’est à dore l’intérêt de tous votant en tant que citoyens, non comme particuliers aux intérêts divergents.
Ainsi : "Le citoyen consent à toutes les lois, mêmes à celles qu’on passe malgré lui. Quand donc l’avis contraire au mien l’emporte, cela ne prouve autre chose sinon que je m’étais trompé, et que ce que j’estimais être la volonté générale ne l’était pas. Si mon avis particulier l’eût emporté, j’aurais fait autre chose que ce que j’avais voulu, c’est alors que je n’aurais pas été libre."
Et si les votes de la majorité ne traduisaient plus la volonté générale ?
Ce serait le signe que l’Etat est sur son déclin et la liberté compromise.
Logiquement, plus la décision à prendre est grave, plus il est souhaitable que les suffrages approchent de l’unanimité ; cependant, une faible majorité peut suffire puisqu’il faut avant tout faire face aux nécessités.
Quant aux magistrats qui composent le gouvernement, ils peuvent être tirés au sort (ce procédé convient à la démocratie, où une charge ne peut être imposée à un particulier) ou choisis (système plus approprié à l’aristocratie).
Pour décrire un bon exemple de bonne gestion de la cité, Rousseau consacre un long chapitre (IV) au fonctionnement de la cité romaine.
Ce n’est pas une simple digression : la république romaine est à ses yeux le