Livre 1 chap 4 contrat social
Livre I, chapitre IV, Du Contrat social, Rousseau
Texte étudié :
« Renoncer à sa liberté c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs. Il n'y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l'homme, et c'est ôter toute moralité à ses actions que d'ôter toute liberté à sa volonté. Enfin c'est une convention vaine et contradictoire de stipuler d'une part une autorité absolue et de l'autre une obéissance sans bornes. N'est-il pas clair qu'on n'est engagé à rien envers celui dont on a droit de tout exiger, et cette seule condition, sans équivalent, sans échange n'entraîne-t-elle pas la nullité de l'acte? Car quel droit mon esclave aurait-il contre moi, puisque tout ce qu'il a m'appartient, et que son droit étant le mien, ce droit de moi contre moi-même est un mot qui n'a aucun sens? »
Au cours de l’histoire, beaucoup ont tenté de justifier l’esclavage sous ses diverses formes et appellations. Existe-t-il un "droit d’esclavage", peut-on justifier l’esclavage par une convention, un "pacte de soumission" entre le maître et l’esclave ? C’est la question à laquelle Rousseau tente de répondre dans le chapitre IV du livre I du Contrat Social, qui traite de l’esclavage, ou plus précisément, de l’aliénation de la liberté. La thèse de Rousseau est la suivante : la liberté ne peut s’aliéner à aucun prix et toute convention reposant sur cette aliénation est nulle. Son texte comporte deux parties principales, la première traitant de ce qu’est la liberté, et la seconde de la validité d’un hypothétique "pacte de soumission". La liberté est habituellement définie comme l’absence de contraintes, l’esclavage est l’absence de liberté, la condition de ceux qui vivent sous la contrainte. Le "pacte de soumission" dont parle Rousseau serait donc une convention entre deux parties qui consisterait pour l’un à renoncer à sa liberté au