Cours d'histoire complet
Introduction / Partie 1 : le rapport des sociétés à leur passé
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CHAPITRE 2 : L’HISTORIEN ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Une société démocratique ne peut pas en rester à un rapport simplement patrimonial et mémoriel à son passé. Elle se doit de le regarder en face. Et pour cela, le travail de l’historien lui est indispensable. En effet, l’histoire a une approche objective et scientifique du passé puisqu’elle travaille à partir de sources. La mémoire est plus subjective et souvent en proie aux émotions. L’histoire et la mémoire ont donc deux approches bien différentes du passé.
La présence sélective de souvenirs du passé dans la société, ce que l’on appelle une mémoire, peut faciliter ou gêner l’interprétation d’une période par les historiens.
Celui-ci est confronté aux mémoires plurielles de la Seconde Guerre mondiale. L’Etat, au lendemain de la guerre, met d’abord en avant l’idée que tous les Français ont été résistants (héroïsation nationale de la France libre et de la Résistance). Puis, elle reconnait que les crimes de Vichy étaient aussi ceux de la France. Le souvenir des Juifs déportés a d’abord été assimilé à l’ensemble des déportés, puis la spécificité de la Shoah a fait émerger une mémoire juive de la déportation. Chaque groupe politique, social, culturel exprime une strate de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Mais comprendre l’histoire d’une période, c’est aussi étudier la manière dont sa mémoire s’est diffusée. Il est alors de plus en plus demandé à l’historien d’intervenir dans le débat public.
Quel rôle ont joué les historiens dans l’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale ? I- LA MEMOIRE RESISTANTE : MYTHE ET RELAITE (1944-1972)
A la Libération, l’exaltation de la France résistante relègue le régime de Vichy dans l’ombre des « années noires ». C’est le temps des tabous. Pourtant, avec le