Les Me Moires Lecture Historique
Pour reprendre et étendre une distinction de Pierre Nora, mémoires et patrimoine relèvent fondamentalement de la subjectivité, c'est-à-dire de leur détermination par les sujets qui les conçoivent. La démarche de l’historien, quant à elle, est déterminée par une volonté d’objectivité et elle relève d’un processus de vérité, même si celle-ci est contingente et provisoire, relative aux sources, aux temps et à la posture de l’historien.
Une mémoire sert les intérêts, matériels ou symboliques d’un groupe, étant entendu que ces intérêts peuvent être tout à fait légitimes, comme le sont ceux des victimes des grands crimes du passé.
Ces affrontements, les prises de position et les actes de chacun ont des incidences et une dimension éthique si considérables qu’ils induisent la construction des mémoires des différents groupes autour de l’énoncé de jugements moraux particulièrement tranchés. occultation destinée à la restauration de la paix civile au sortir des conflits, « travail de mémoire » des groupes insatisfaits ; réception plus ou moins large et non sans conflits des mémoires ainsi révélées, jusqu’à leur acceptation officielle (exemple : les excuses du président de la République pour la participation de l’Etat français à la persécution des Juifs).
Le travail des historiens est en fait parallèle à ce « travail de mémoire ». Il s’en nourrit et s’en distingue par la mise à distance des mémoires et par leur historicisation. Ainsi, l’historiographie des conflits et de leurs mémoires passe par les mêmes phases : d’abord l’histoire des conflits eux-mêmes avec affinement progressif de la recherche qui met en lumière des faits d’abord occultés, y compris dans le travail des historiens ; ensuite la dénonciation du processus d’occultation et la mise en lumière de ses enjeux dont les apports peuvent être repris dans le débat public ; enfin, dans les contributions les plus