Crise de la dette souveraine
JULIEN MATHERON, BENOÎT MOJON
ET
JEAN-GUILLAUME SAHUC
Direction des Études monétaires et financières Banque de France
Depuis que Lehman Brothers s’est placée en septembre 2008 sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites et en réponse à la crise financière et à la récession mondiale qui ont suivi, les responsables du monde entier ont adopté un policy mix afin de mieux résister aux éventuelles conséquences négatives anticipées par les experts et par les marchés financiers. La série d’événements sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale 1 a entraîné, sur le plan budgétaire, l’appel au jeu des stabilisateurs automatiques et des mesures discrétionnaires rapides et, sur le plan monétaire, la mise en œuvre d’une politique accommodante. Pourtant, après plus de trois années, l’Europe ne semble pas plus « tirée d’affaire » que les autres principales économies avancées ; de plus, une autre crise, la crise de la dette souveraine, est survenue. La plupart des autorités de la zone euro n’ayant pas réussi avant 2008 à respecter les règles du Pacte de stabilité et de croissance, l’endettement public de ces pays a atteint un tel niveau que des inquiétudes relatives à la soutenabilité et même à la solvabilité sont apparues, déclenchant une grave crise de confiance à l’égard de la périphérie de la zone. Dans le même temps, la politique monétaire a atteint un niveau proche de la borne zéro des taux d’intérêt, ce qui rend sa marge de manœuvre extrêmement limitée. La période actuelle est exceptionnellement dangereuse car la politique monétaire de la zone euro se trouve à la croisée des chemins. D’une part, la récession liée à la faillite de Lehman entraîne des risques inflationnistes imputables à la dominance budgétaire, aux pertes des banques centrales et à la perte de crédibilité qui en a résulté. D’autre part, elle engendre des risques déflationnistes importants. En effet, la crise