crise du sens
Une grande partie de la pensée moderne est une pensée de la crise, comme on le voit chez Baudelaire, Nietzsche et Heidegger, ou, plus près de nous, chez Hannah Arendt, Charles Taylor ou George Steiner. C’est donc une pensée de l’angoisse, là où la pensée chrétienne était une pensée de la déréliction de l’homme, et donc du salut, et la pensée antique une pensée de l’ordre du monde, et donc du bonheur.
Ce qui est en cause, c’est le sens même de l’existence humaine. Le silence des anciens absolus, l’effacement de la transcendance et la perte de tout repère ont abouti au nihilisme de l’époque postmoderne où tout se vaut parce que rien ne vaut rien. Les Anciens voyaient dans l’éternel retour le signe de la régénération du temps ; les Chrétiens attendaient la parousie qui dévoilerait la fin de la création. Privé d’éternité comme d’histoire, le temps des grands récits aboli, le monde contemporain se meut dans un temps vide qui ne mène nulle part ailleurs qu’au relativisme généralisé. En repensant les diverses orientations de l’éthique, il est peut-être possible aujourd’hui de penser au-delà du nihilisme.
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Diagnostic d’une crise du sens
Rappel : Entretien avec Jean-François Mattéi La notion de « crise » semble aujourd’hui à la mode. Les formules telles que « crise de l’art », « crise du roman », « crise de société » sont légions. Pas une science, une discipline, une société qui n’ait eu sa crise… Sclérose, immobilisme, moment inéluctable de l’échec d’un système, la notion de « crise » stigmatise ce moment où l’on passe d’un état normal des choses à un moment où l’évolution n’est plus possible. Formule en référence à un état passé idéal, et un état présent dont le sens compris à partir de cet idéal aurait dégénéré… « La notion de crise implique une structure de discontinuité qui élève un événement historique au rang de moment inquiétant qui affecte le développement d’un processus humain au point d’en altérer le