Critique : le 20 novembre
Quand le spectateur entre dans la salle, le comédien est déjà là, sur le plancher, car il n’y a pas de scène surélevée ni de rideau ou de murs séparant l’aire de jeu des gradins. L’acteur s’y trouve démasqué sur cette scène peu profonde, écrasé contre le mur gris du fond par les spectateurs surélevés et le plafond déclinant. Le décor est minimal. L’éclairage au néon et les bruits d’une bâtisse ordinaire refusent d’orner le jeu d’acteur. Ici, la lucidité offerte par l’audacieuse mise en scène rend une cohérence parfaite entre le monologue et le geste, sans détour rocambolesque et sans raccourci simpliste. Le discours est sans artifice. Le geste, parfois furtif, parfois passif, n’échappe en rien au public. Mais ce regard vide du protagoniste qui, dès le premier pas du spectateur dans la salle, détache le jeu théâtral des conventions, critique sans pitié l’inaction du spectateur, sa soif de consommation de tragédies qui lui a fait payer le prix d’un siège, et installe un profond malaise qui durera jusqu’à la fin. Personne n’est innocent dans ce regard accusateur. Le spectateur est coupable tout comme le protagoniste dans cette pièce de théâtre.
Plutôt que de chercher les origines de ce fait divers, Lars Noren a écrit un monologue qui soulève de nombreuses questions sur notre