Critique : le 20 novembre

394 mots 2 pages
Le 20 novembre 2006, Sebastian Bosse alors âgé de 18 ans pénétrait dans son ancienne école pour y faire feu sur les élèves et les professeurs avant de retourner l’arme contre lui. Inspiré par ce fait divers, Lars Noren écrit un monologue où la voix prêtée à cet homme révèle l’insoutenable mal-être de vivre qui l’habite dans un mélange de désespoir, de lucidité, de haine et de fragilité. Les 72 minutes précédant la fusillade deviennent alors le théâtre de la comparution d’un système social cruel pour ceux qui n’y cadre pas, où personne n’est innocent, pas même le spectateur. La metteure en scène Brigitte Haentjen fait entendre ce monologue poignant par la voix de Christian Lapointe.
Quand le spectateur entre dans la salle, le comédien est déjà là, sur le plancher, car il n’y a pas de scène surélevée ni de rideau ou de murs séparant l’aire de jeu des gradins. L’acteur s’y trouve démasqué sur cette scène peu profonde, écrasé contre le mur gris du fond par les spectateurs surélevés et le plafond déclinant. Le décor est minimal. L’éclairage au néon et les bruits d’une bâtisse ordinaire refusent d’orner le jeu d’acteur. Ici, la lucidité offerte par l’audacieuse mise en scène rend une cohérence parfaite entre le monologue et le geste, sans détour rocambolesque et sans raccourci simpliste. Le discours est sans artifice. Le geste, parfois furtif, parfois passif, n’échappe en rien au public. Mais ce regard vide du protagoniste qui, dès le premier pas du spectateur dans la salle, détache le jeu théâtral des conventions, critique sans pitié l’inaction du spectateur, sa soif de consommation de tragédies qui lui a fait payer le prix d’un siège, et installe un profond malaise qui durera jusqu’à la fin. Personne n’est innocent dans ce regard accusateur. Le spectateur est coupable tout comme le protagoniste dans cette pièce de théâtre.
Plutôt que de chercher les origines de ce fait divers, Lars Noren a écrit un monologue qui soulève de nombreuses questions sur notre

en relation

  • Le wooster grou$
    1263 mots | 6 pages
  • Joueur Skat Note
    913 mots | 4 pages
  • Jumanji
    2495 mots | 10 pages
  • Holy motors
    871 mots | 4 pages
  • Article R227
    15121 mots | 61 pages
  • Je m'apelle julien
    512 mots | 3 pages
  • Grottes de lascaux
    1928 mots | 8 pages
  • La part de l'autre
    702 mots | 3 pages
  • ZIMMERMANN Sophie Sujet D Invention N
    416 mots | 2 pages
  • Interview don juan
    1224 mots | 5 pages
  • bpjeps
    885 mots | 4 pages
  • Dom Juan de Molière
    1598 mots | 7 pages
  • Analyse activité jeux
    892 mots | 4 pages
  • E.a.poe
    299 mots | 2 pages
  • L'assomoir
    582 mots | 3 pages