Croissance démocratie et développement
Croissance, démocratie et développement
L’articulation croissance – démocratie, est largement restée subordonnée aux recherches sur la croissance et le développement. Depuis les années 80-90, les termes démocratie et développement sont de plus en plus confondus. Cette confusion s’explique tout d’abord par l’histoire même de la construction de l’idée de développement en Occident (Nisbet, 1980). Le siècle des Lumières s’est en effet centré sur le thème du progrès, caractéristique de l’esprit humain et susceptible de rejaillir sur ses modalités d’organisation en société et de gestion de la matière. Cette idée de progrès associée à la consécration du régime démocratique (Tocqueville, 1835) comme régime légitimement revendiqué a généré un ensemble de travaux fondateurs de la sociologie du développement des sociétés humaines. Les grands penseurs du XVIII et du XIXième siècle, Tocqueville, Comte, Marx, Weber, Durkheim… associèrent des formes d’organisation du travail et des niveaux technologiques avec des modèles de gestion sociale et politique ; et établirent des liens étroits entre un état économique et social et la nature des régimes politiques.
I. CAUSALITE ET CORRELATIONS
L’existence d’une corrélation générale associant le développement à la démocratie est généralement considérée comme une évidence alors même qu’elle continue à faire l’objet de travaux très controversés et de résultats opposés depuis les travaux fondateurs de Seymour Lipset (1959). L’idée de fond peut-être synthétisée de la manière suivante : l’amélioration des conditions de vie des populations est censée passer par la croissance économique dont devrait découler la démocratisation des régimes politiques, laquelle serait à son tour, à partir d’un seuil à déterminer, un accélérateur de développement. On peut opposer ici deux types de travaux : - Les travaux des dépendantistes (années 70) insistaient sur le fait que la situation