Etat des lieux. Le théâtre en 1890. Quoi de neuf sur scène?

Au seuil des débuts théâtraux de Rostand, il y a cette époque qu’on a appelée Belle. La Belle Epoque qui, si elle n’est pas plus belle que les autres, est d’une vitalité à nulle autre pareille. Les expositions universelles se succèdent en France entre 1867 et 1900, témoignages concrets et grandement visibles du développement des sciences et des techniques. Manière aussi de montrer au monde que la France relevait le front après la défaite de 1870. Les découvertes qui façonnent notre monde moderne voient le jour: le phonographe, la lampe électrique avec Edison, le principe des vaccins avec Pasteur, la tour Eiffel se construit petit à petit, elle sera le clou de l’exposition et du centenaire de la Révolution française en 1889 et à ses pieds, porte des Ternes, le colonel William Frederick Cody, plus connu sous le nom de Buffalo Bill installera son Wild West Show.

Autant le dire tout de suite, la seconde moitié du XIXème siècle n’offre pas un théâtre de grande séduction. Cela ne signifie pas qu’il soit à dédaigner, au contraire, mais les grands dramaturges se font plus rares. Pour être plus précis, depuis les dernier feux du théâtre romantique qui peuvent de situer avec Les Burgraves de Victor Hugo (1843), jusqu’aux innovations du Théâtre-Libre d’André Antoine (1887), la scène française, si elle accueille quelques grandes pièces aussi bien marquantes dans l’histoire du théâtre que dans les annales comme La Dame aux Camélias de Dumas fils, les comédies d’Eugène Scribe, ou les œuvres d’Henry Becque, on ne peut vraiment assister à un quelconque renouveau des techniques et thématiques théâtrales, ni à la présence d’auteurs de l’envergure de Hugo ou de la sensibilité de Musset. Si l’on pense à quelques grands noms comme Feydeau, Courteline, Tristan Bernard, Jules Renard, Alfred Jarry, Maurice Maeterlinck et bien sûr Paul Claudel, tous ces auteurs ont écrit après cette date frontière, ou à peu près,