Dans la condamnation qui frappe aujourd'hui la graisse et l'embonpoint, quelle est la part de la mode ? cette condamnation ne cache'-t-elle pas un autre phénomène plus profond ?
L’embonpoint est aujourd’hui redouté et la graisse bannie des cuisines. Parallèlement on assiste depuis plusieurs décennies au sein des sociétés occidentales, à la généralisation du culte de la minceur que l’on retrouve dans la cuisine, l’aliment et la vie de tous les jours. Est-ce un simple effet de mode, donc à caractère provisoire, ou le résultat d’un autre phénomène plus profond ? Voyons d’abord à quel point la mode a influé sur notre perception actuelle négative de la graisse et de l’embonpoint, pour analyser ensuite les autres facteurs susceptibles d’y avoir également contribué.
Il est indéniable que les critères de la bauté et de sensualité d’une époque donnée sont dictés par la mode du moment. Par le passé, celle-ci était acquise aux rondeurs et à l’embonpoint, symboles de prospérité et de joie de vivre. De nombreuses peintures et œuvres littéraires anciennes témoignent de cette attirance pour les formes généreuses des corps féminins. On peut citer en exemple, dans le tableau de Rubens du milieu du 17ème Siècle, la représentation iconographique de Sidon, cette légendaire reine de Carthage que l’un disait «éclatante de beauté » et que le peintre illustre sous l’allure d’une femme forte. Autre exemple emblématique : la nouvelle de Maupassant Boule de suif dont la titre n’est autre que le surnom de l’héroïne qu’elle doit à son embonpoint, encore considéré au 19ème Siècle comme une arme de séduction.
Au 20ème Siècle, la mode impose une nouvelle donne : désormais, la graisse est progressivement bannie au profit de la minceur. Autre fois synonyme de beauté, la rondeur est remplacée par le corps ferme et musclé des année 80, puis par la maigreure des années 90 à nos jours. Comme le montrent les nombreuses revues de mode comme Ve, les top-modèles ne