dans les Femmes savantes, Moliere a reprit ses Precieuses ridicules en les transformant. Moliere nous montre les ravages que la passion de la science chez les femmes exerce dans une famille. La maitresse de maison, Philaminte, oublie ses devoirs d'economie domestique, pour ecouter des savants et des poetes et pour fonder une academie. A cette manie elle sacrifie meme ses devoirs de mere : elle veut marier sa fille Henriette, qui a echappe a son influence, a un pedant grotesque et malhonnete, Trissotin. En face des trois savantes, Philaminte, Belise et Armande, Moliere a dresse Chrysale, qui est le bourgeois positif et trivial, tout terre a terre, et Henriette et Clitandre qui ont plus de mesure mais mettent au second rang dans la vie les distractions et les agrements de l'esprit.

Actuellement, Moliere a voulu montrer les inconvenients, pour la famille et pour la societe, de la manie de la science chez les femmes, et nous faire rire au spectacle de cette manie. On a pretendu qu'il avait voulu, par surcroit, donner ses theories sur l'education des femmes. Ce n'est pas prouve. En tout cas si on voulait avoir la pensee de Moliere sur ce point, il ne faudrait pas s'en tenir au seul Chrysale, qui trouve qu'une femme en sait assez. Il faudrait temperer la doctrine de Chrysale, par celle de Clitandre qui accepte qu'une femme, ait "des clartes de savante. L'ideal de la femme bien elevee, d'apres Moliere, c'est Henriette : elle est charmante, pleine de droiture et de bon sens mais elle manque decidement trop de retenue, de culture et d'idealisme