De gaulle
Politistes l'un et l'autre, respectivement spécialistes de sociologie et de philosophie politiques, les auteurs n'ont pas pour autant négligé les données institutionnelles du régime2. Mais la pluridisciplinarité du regard qu'ils portent sur la Cinquième République confère à leur analyse théorique et critique une dimension nouvelle qui se distingue de celle que nous avaient proposée dans un style constructiviste les travaux réunis par Jacques Lagroye et Bernard Lacroix.
La thèse que développent les auteurs, tout au long du livre, reste celle du dualisme. Mais tandis que les constitutionnalistes avaient fondé celui-ci, les uns sur la difficile synthèse du régime parlementaire et du régime présidentiel (d'où est née l'expression « régime semi-présidentiel »), les autres sur la dyarchie résultant de la coexistence entre un « pouvoir d'État » et un « pouvoir démocratique », J.-M. Donegani et M. Sadoun le font reposer sur une distinction erudite entre « pouvoir d'incarnation » et « pouvoir de représentation ». D'un côté, façon gaullienne, le pouvoir présidentiel tirerait sa source et sa légitimité du fait qu'il incarne non pas tant l'État que la France, ce qui explique et justifie sa continuité historique et, dans une certaine mesure, monarchique. De l'autre, façon républicaine, le pouvoir parlementaire obéirait, de manière plus classique, aux exigences de la représentation, d'où son origine nécessairement élective et sa précarité manifestée par la dissolution. Le gouvernement, lui, se tiendrait à l'interface de ces deux sources de pouvoir.
Autre originalité du livre, relativisant leur