Dessertation sur l immoraliste de gide
JIŘÍ ŠRÁMEK
POUR UNE DÉFINITION DU MÉTARÉCIT
La technique de la narration des histoires dans les histoires est un procédé narratif traditionnel. Malgré cela, on n'a pas réussi jusqu'ici à l'inscrire dans un système catégoriel rigoureusement défini. On en arrive ainsi à cumuler plusieurs critères, et en endosser alternativement de différents. Le but de la présente étude est de faire état de la discussion sur le métarécit comme un problème narratologique, et, dans ce contexte, d'analyser de plus près certaines hypostases, assez irrégulières, du procédé. Il n'est pas d'histoire, écrivent Roland Bourneuf et Real Quellet, où au moins n'affleurent dans sa narration d'autres histoires: «Une parenthèse de quelques lignes sur le destin d'un personnage secondaire, une digression explicative constituent déjà un récit dans le récit, présent dans les œuvres narratives les plus anciennes.»1 Il arrive quelquefois que ce récit dans le récit devienne «l'essentiel», comme dans Le Décaméron ou L'Heptaméron ? On se demande si vraiment toute «parenthèse» ou «digression», fût-elle de quelques lignes et indépendamment de son contenu et de sa fonction dans le texte, c'est-à-dire des simples répliques en passant par les portraits du même individu que Mlle de Scudéry fait brosser par ses comparses jusqu'aux histoires racontées au roi par Schéhérazade, peut être considérée comme un récit dans le récit. Dans le chapitre intitulé «Les récits multiples», Bourneuf et Quellet emploient le terme d'«histoires intercalées», histoires qui sont nombreuses dans Don Quichotte ou dans le Roman comique,3 ils parlent de «narration emboîtée» dans Gil Blas4 ou bien de «récit encadré», tout en mettant en relief le principe de composition qui paraît être intimement lié au procédé en ques-
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Roland Bourneuf, Real Q u e 11 e t, L'Univers du