Devoir philosophie
Nous croyons être les mieux placés pour savoir ce que nous ressentons, parce que notre conscience nous informe de chacune de nos pensées, nous offrant à chaque instant une représentation de nous-mêmes. Mais la conscience fait plus que nous dire ce que nous sommes : elle nous juge, à travers ce que nous faisons et ce que nous pensons. Elle porte parfois sur nous le regard de la culpabilité, au point d’avoir honte de ce que nous sommes.
Or, avec ce que nous faisons, nous pouvons déformer l’image que nous nous faisons de soi-même. Donc, la conscience peut se tromper sur ce que nous sommes, elle manque de recul, c’est-à-dire d’objectivité. Pour se connaitre soi-même, il nous faut donc une certaine lucidité que la conscience ne nous donne pas. Pour avoir cette distance par rapport à nous-mêmes, faudrait-il passer par autrui ?
Nous verrons dans cet extrait de L’Etre et le Néant de Jean-Paul Sartre que le regard qu’autrui porte sur moi me révèle ce que je suis et la connaissance d’autrui.
L’analyse de Sartre cherche à comprendre ce qui nous amène à éprouver de la honte. Celle-ci apparaît d’abord comme un événement d'ordre réflexif : c'est l'image que je me fais de moi-même qui me fais honte, et ce sentiment, vécu dans ma conscience, ne semble pas faire appel à autrui. Pourtant, pour avoir une image de nous-mêmes, il nous faut passer par autrui. Autrui est le médiateur indispensable pour éprouver la honte, selon un processus en trois étapes que Sartre illustre par « l'homme jaloux » :
+ Un homme jaloux regarde par le trou d'une serrure : il est bien jaloux mais il ne se perçoit pas comme tel, tout investi qu'il est dans son acte.
+ Quelqu'un surgit dans le couloir, et le voit : l'homme imagine alors le jugement qu'autrui porte sur lui et réalise qu'il lui apparaît comme un homme jaloux. Il pourrait certes refuser cette image qu'autrui lui renvoie, et s'en moquer.
+ Or l'homme jaloux justement se reconnaît dans cette image : il