Devoir sur 1947
Sujet : Éditorial du journal Le Monde du 27 novembre 1947
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- « Par un privilège unique, les États-Unis ont pu s’engager à deux reprises dans une guerre mondiale et en retirer un formidable excédent de puissance. La mer et l’air leur appartiennent. L’or du monde afflue dans leurs coffres. Mi par générosité, mi par intérêt, ils en reversent une part sur des peuples malheureux qui, au total, accueillent cette manne avec plus de soumission que de révolte. Jeunes, riches, vigoureux, les Américains détiennent en outre une arme terrifiante qui leur assurerait, croient-ils et croit-on, la maîtrise du monde. Et cependant les Américains ont peur. Les Russes, eux, ont cruellement souffert de la guerre, mais elle leur a permis d’étendre leur emprise sur deux continents. L’Eurasie tend à devenir une réalité politique. Des millions d’hommes en armes, une police toute-puissante veillent sur cet empire. Plus que de ses immenses ressources encore mal exploitées, l’Union soviétique tire sa force d’une conviction capable comme la foi de transporter les montagnes : le communisme est l’accomplissement, le sommet de l’histoire. “ Tous les chemins mènent au communisme ”, proclame M. Molotov1 Disséminés partout dans le monde, vingt millions de fidèles, assurés de l’efficacité que procure une volonté farouche et dénuée de scrupules, travaillent à consolider, à étendre cet empire. Et cependant la Russie soviétique a peur. (…) Pour l’instant le mouvement fatal s’accélère sous nos yeux, et les chances de le détourner diminuent chaque jour. Les Européens n’ont pas compris qu’en cédant eux-mêmes à la peur, en cherchant la protection de l’un ou de l’autre maître, ils ruinaient une des dernières, peut-être l’unique chance de paix qui leur était confiée. » Hubert Beuve-Méry, Le Monde, 27 novembre 1947. 1 M. Molotov : ministre des Affaires