Dialectique et contradiction chez les anciens
OBJECTIF : dégager la structure logique, c’est-à-dire les procédés argumentatifs, du discours philosophique.
1. Parménide d’Elée ou l’apparition officielle de la contradiction dans l’histoire de la philosophie
Il semble qu’il y ait, chez Parménide, qui est le représentant le plus éminent des Eléates, quelque chose comme de la contradiction. En effet, dans son poème philosophique : De la nature, il commence par opposer deux voies de recherche : celle du « qu’est », qui prône la nécessaire identité de l’être avec lui-même, et celle du « que n’est pas », qui proclame la nécessaire identité de l’être et du non-être[1]. Il y a donc une opposition entre deux énoncés, dont l’un a une forme affirmative et l’autre une forme négative. Parménide semble, de ce fait, avoir changé une contrariété en une authentique contradiction, formulée en raison d’un présupposé : l’univocité de l’être comme seule vérité. Cette contradiction signifie que la voie du « qu’est » n’est pas seulement nécessaire mais vraie, et que la voie du « que n’est pas » est fausse en plus d’être impossible, parce que l’être se comprend, selon Parménide, dans un sens univoque. Mais, selon nous, les deux voies présentées par Parménide ne sont pas vraiment contradictoires mais seulement divergentes, dans le sens où elles ne portent pas sur le même élément. Pour preuve, la première voie porte sur l’être, tandis que la seconde voie porte sur le non-être. En outre, il y a une troisième voie dans le poème de Parménide, qui est suivie par le commun des mortels. Elle est la voie de la distinction, de la non-identité, de la prédication non tautologique. Elle considère que l’être peut ne pas être, et le non-être peut être, sans que l’être s’identifie au non-être. Par conséquent, exprimée en termes logiques, elle apparaît comme une tentative désespérée de synthèse entre la première et la seconde voie. Elle indique, par là même, la plurivocité de l’être, qui