Discours
Il précise sa pensée et lui donne un fondement philosophique et documenté. Il écrit une dédicace élogieuse à la République de Genève dont il est fier d'être citoyen. Ce n'est donc pas toute société que Rousseau rejette. Cependant, il faut des moyens pour juger et comparer les sociétés. Comment ? En revenant à la nature de l'homme avant que l'histoire ne l'altère (Préface).
C'est l'état de nature et non l'état social qui rend compte du droit naturel et des fondements d'une société légitime. Rousseau s'attaque à deux paradoxes : comment l'homme a-t-il pu se dénaturer autant ? Comment sont nées des sociétés inégales, injustes, alors que l'état de nature et l'égalité naturelle dictent les conditions d'une société légitime ? Des circonstances extérieures ou des petites causes répétées sont responsables de ce "progrès" vers le pire. Rousseau tente de les reconstituer dans l''histoire hypothétique' qu'il propose.
Pour définir l'état de nature (Première partie), il faut remonter à la vraie origine et ne rien projeter de notre culture sur la nature. L'homme naturel est robuste. Il n'est pas encore un être rationnel, et n'éprouve que le souci de sa conservation (amour de soi). Vient-il à rencontrer un être sensible, il préfère le fuir et ne pas le perturber, par une " répugnance innée à voir souffrir son semblable " : la pitié. Il est donc pacifique dans cet état, contrairement à ce que prétend Hobbes. Mais cette paix procède d'une ignorance et d'une indépendance mutuelles, car les hommes ne sont pas non plus sociables. Il n'épargnent leur prochain que retenus par le sentiment de pitié, et non par un raisonnement sur la loi naturelle. Isolé, heureux et autosuffisant l'homme