Dissertation spinoza
"La plupart semblent croire qu'ils sont libres dans la mesure où il leur est permis d'obéir à leurs penchants et qu'ils abandonnent de leur indépendance dans la mesure où ils sont tenus de vivre selon la prescription de la loi divine. La moralité donc, et la religion, et, sans restriction, tout ce qui se rapporte à la force d'âme, ils les prennent pour des fardeaux qu'ils espèrent déposer après la mort, pour recevoir le prix de la servitude; à savoir de la moralité et de la religion: et ce n'est pas cet espoir seul, mais aussi et surtout la crainte d'être punis par d'horribles supplices après la mort, qui les poussent à vivre selon la prescription de la loi divine, autant que le permettent leur petitesse et leur âme impuissante. Et si les hommes n'avaient pas cet espoir et cette crainte, s'ils croyaient au contraire que les esprits périssent avec le corps, et qu'il ne reste aux malheureux épuisés par le fardeau de la moralité aucune survie, ils reviendraient à leurs nature. Ils, voudraient tout gouverner selon leurs penchants et obéir à la fortune plutôt qu'à eux-mêmes. Ce qui ne me paraît pas moins absurde que si un homme, parce qu'il ne croit pas pouvoir nourrir éternellement son corps de bons aliments, préférait se saturer de poisons mortels; ou bien, parce qu'il voit que l'esprit n'est pas éternel ou immortel, préfère être dément et vivre sans la Raison: absurdité telle qu'elle mérite à peine d'être relevée."
Spinoza, Ethique, livre 5 (extrait)
[Alinéa]Spinoza est un grand philosophe du XVIIIème siècle, qui pense que la liberté est une force de notre âme qui se construit. Dans cet extrait de l’Ethique, livre cinq, Spinoza nous expose de façon structurée des causes qui lui sont chères, tels la raison ou la liberté, et nous appelle à nous poser le problème suivant : l’homme peut-il accéder au salut par la simple obéissance fondée sur la crainte ou bien par la connaissance vrai. En premier lieu,