Dissertation sur etrangers à nous-mêmes
Dissertation complète du sujet 21 :
Nous pourrions a priori penser qu’après tous les conflits recensés dans l’Histoire en faveur d’un nationalisme exacerbé, notre siècle serait l’exemple concret d’une acceptation à large portée de toutes les différences. Pourtant, l’angoisse du probable rejet de nos spécificités nous taraude encore. Effectivement, le sentiment d’étrangeté dans son essence la plus profonde, indifférent aux mutations de la société, a traversé les époques et nourrit toujours à l’heure actuelle les écrits de nombreux auteurs. Ainsi, dans son essai Etrangers à nous-mêmes, Julia Kristeva retrace l’histoire des réactions et des méditations face à l’étranger de la Grèce antique à nos jours. Son introduction, quant à elle, traite plus particulièrement des rejets subits par les étrangers entraînant dès lors un repli sur eux-mêmes et un refus de la culture d’adoption.
Kristeva achève ce chapitre introductif en mettant l’accent sur la situation de l’étranger en France et conclut par cette affirmation : « nulle part on n’est plus étranger qu’en France […] et pourtant, nulle part on n’est mieux étranger qu’en France ».Bien que d’apparence contradictoire et polémique, celle-ci sera vite étayée d’arguments. Seulement non content d’examiner le raisonnement de Kristeva, il nous faudra, dans un deuxième temps, vérifier si la France a réellement cette particularité de stigmatiser la population allochtone et, en même temps, de magnifier son sentiment d’étrangeté.
C’est incontestable, Julia Kristeva s’est inspirée de son expérience personnelle pour nous parler de l’intégration en France. En effet, en 1966 une étudiante bulgare arrive sur le sol français en vue de terminer son mémoire sur la littérature française. Maniant aisément la langue, elle s’intègre rapidement et embrasse volontiers sa culture d’adoption. Toutefois, dans le cadre d’une interview pour le magazine « Lire », elle confie en 1999 à Ariane Poulantzas :