Dissertation sur le nouveau roman
"Avant l'oeuvre il n'y rien, pas de certitude, pas de thèse, pas de message. Croire que le romancier a "quelque chose à dire" et qu'il cherche ensuite comment le dire, représente le plus grand des contresens. Car c'est précisément ce "comment", cette manière de dire, qui constitue son projet d'écrivain, projet obscur entre tous et qui sera plus tard le contenu douteux de son livre." Vous analyserez et commenterez ce propos d'Alain Robbe-Grillet ("Pour un nouveau roman", 1963) en vous appuyant sur des exemples précis.
Intro
Le roman, l’art du roman, a pour origine concrète un mode de langage transitoire, intermédiaire, médiateur : la langue romane. Informe, instable, le roman a pourtant assuré le lien entre le latin et le français Ŕ auquel le ferment du roman fut nécessaire pour établir son originalité, sa cohérence grammaticale, son pouvoir conceptuel et esthétique. Le roman comme œuvre a accompagné le roman, langue parlée, vernaculaire, dans ce travail de transformation : le processus, entamé au XIIème siècle, réalise le passage du mythique au prosaïque, du Héros au Personnage. Le roman destiné originellement à actualiser un héros, puis à distinguer un personnage du commun des mortels, va ainsi poser la question des rapports ou des interférences entre la réalité et l’imagination, mais aussi celle du temps qui le parcourt. Temportalité Ŕ réalité Ŕ imagination : telles sont les sphères d’étude de l’écriture romanesque traditionnelle, à travers lesquelles on envisage le décryptage de l’histoire racontée. Cela suppose cependant que l’auteur ait quelque chose à dire, un projet en amont de l’écriture elle-même, auquel l’écriture va être asservie : l’histoire, « la chose racontée » est alors la direction maîtresse et ce qui fait sens, et l’écriture, le vecteur chargé de transmettre ce message. Pourtant, si l’on en croit Alain Robbe-Grillet, postuler que le romancier a quelque chose à dire et qu’il cherche ensuite comment le dire « [est un] contresens » car «