Dissertation sur l'amitié dans en attendant godot
Après l'écriture d'Eleuthéria, où Samuel Beckett s'était retrouvé dépassé par trop d'actions et de personnages, il choisit de s'attaquer à un sujet plus simple : «J'ai commencé d'écrire Godot pour me détendre, pour fuir l'horrible prose que j'écrivais à l'époque», «la sauvage anarchie des romans», déclara l'auteur. Cette pièce de théâtre en deux actes de Samuel Beckett est parue en 1952 aux Éditions de Minuit et a été créée le 5 janvier 1953 au théâtre de Babylone à Paris, dans une mise en scène de Roger Blin fut appelé En Attendant Godot. C’est la première pièce de Beckett écrite directement en français. Elle met en scène deux couples de personnages — les clochards Estragon et Vladimir, les maître et esclave Pozzo et Lucky — et répète le même scénario sur deux actes. L’action se déroule le soir sur une route de campagne. Le seul élément de décor est un arbre dénudé. La question des relations intersubjectives est un élément essentiel de la pièce de Beckett, en effet, les personnages semblent agir de manière puérile du fait qu’ils paraissent ne pas s’écouter, ni même s’entendre mais pourtant ils restent ensemble et ne peuvent se séparer, ils donnent l’impression d’être liés l’un à l’autre. Cet étrange comportement absurde et excentrique des personnages ressemble à ce qu’on appelle l’amitié. L’amitié est, selon La Rochefoucauld « ce que les hommes ont nommé amitié n’est qu’une société, qu’un ménagement réciproque d’intérêts, et qu’un échange de bons offices [...] » (Maximes, 1664). A l’inverse, Montaigne exprimait la spontanéité d’une amitié directe, non conceptualisée, fondée sur le mystère et la beauté énigmatique d’une simple rencontre. Ces deux conceptions de l’amitié mettent en avant deux conceptions de l’amitié, deux conceptions que l’on retrouve dans l’œuvre de Beckett. On peut alors se demander si l’amitié peut-elle toujours exister dans un univers comme celui d’En Attendant Godot