Berceuse beckett
Toute l'œuvre de Beckett est traversée par une appréhension aiguë de la tragédie qu'est la naissance : « Vous êtes sur terre, c'est sans remède! » dit Hamm, le protagoniste principal de Fin de partie. Cette vie doit tout de même être vécue. Car, ainsi qu'il est écrit à la fin de L'Innommable, « il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer ».
L'œuvre est un témoignage sur la fin d'un monde. Témoin perspicace de son époque, Samuel Beckett a annoncé la fin de l'art (En attendant Godot) et la fin d'une époque marquée par la prééminence, en Europe, de la culture française, bien avant que ces thèmes ne deviennent à la mode. L'art ne peut plus chercher à embellir le monde comme dans le passé. Une certaine idée que l'art arrive à sa fin.
On peut grosso modo diviser la vie d'écrivain de Beckett en trois parties : la première, les premières œuvres, jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale ; la deuxième, de 1945 à 1960, au cours de laquelle il écrit ses pièces les plus connues ; et enfin, de 1960 à sa mort, période qui voit la fréquence de ses publications diminuer, et son style devenir de plus en plus minimaliste. Berceuse est une pièce de forme brève, écrite en 1980, 81 qui est issue de la dernière partie de ses œuvres et que Samuel Beckett a écrite en même temps qu’Impromptu d’Ohio à l’occasion du symposium Beckett à l’université d’Ohio.
Résumé de la pièce :
Une vieille femme ouvre les yeux dans un rocking chair, demande « encore » (more, en anglais) en se balançant, et une voix off assez sourde et monotone dit le texte. Par trois fois, la voix s’arrête et la vielle dame redemande de nouveau « encore » sur un ton déclinant vers le bas au fur et à mesure de la pièce. A la fin, le ton se fait de plus en plus bas jusqu’à ce que la tête de la dame s’incline et s’affaisse sur le dossier du rocking chair, et qu’elle ferme les yeux.
Le texte raconte l’histoire d’une femme très seule, à la recherche d’une autre