dissertation
introduction
De nombreuses œuvres littéraires se transposent dans un ailleurs, dans des
mondes qui sont radicalement inconnus du lecteur quand ils ne sont pas tout simplement
imaginaires. De cette façon, cet éloignement produit par la littérature nous transporte dans
une Terra incognita, vierge de nos cultures et donc support de prédilection de nos
projections. L’on pourrait s’interroger ainsi : quels sont les liens qui s’établissent entre
l’exposition du lecteur à ses mondes étranges et les rapports qu’il entretient avec sa
propre réalité ? En quoi, l’expérience littéraire de l’étranger nous conduit à nous
réapproprier notre « ici et maintenant » ? Nous aborderons dans un premier temps les
caractéristiques des œuvres littéraires qui exploitent ce cadre de la terra incognita. Dans
un second temps nous montrerons par quels mouvements cette expérience de l’altérité
nous réinscrit de façon critique dans notre propre réalité.
Mais l’Étranger désigne tout autant le pays qui n’est pas le nôtre que le membre de
notre propre société qui y évolue. Ainsi, la littérature exploitant l’image de ces mondes
éloignés en vient presque toujours à mettre en avant la figure du personnage étranger lui- même : le découvreur, le voyageur, l’initié. C’est celui qui interroge, qui se surprend dans
cette rencontre avec l’altérité et auquel s’identifie le lecteur : « Vous devez avoir, dit
Candide au Turc, une vaste et magnifique terre ? ». C’est donc à partir du tableau de
sensations et d’émotions que condense ce personnage que le lecteur accède aux
tableaux qui composent le monde présenté ou imaginé par