dissertation
« Vien ça, Marot, trouves tu en rime art Qui serve aux gens, toi qui as rimassé ?
- Oui vraiment, réponds-je, Henry Macé ; Car, vois-tu bien, la personne rimante Qui au jardin de son sens la rime ente, Si elle n’a des biens en rimoyant, Elle prendra plaisir en rime oyant. Et m’est avis, que si je ne rimois, Mon pauvre corps ne serait nourri mois, Ne demi-jour. Car la moindre rimette, C’est le plaisir, où faut que mon ris mette. »
Si vous supplie, qu’à ce jeune rimeur Fassiez avoir par sa rime heur, Afin qu’on dise, en prose ou en rimant ;
« Ce rimailleur, qui s’allait enrimant, Tant rimassa, rima et rimonna, Qu’il a connu quel bien par rime on a. »
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
Joachim du Bellay, Les Regrets
Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
D'ongles, de poings, de