Dissertation
Texte :
Pascalet habite la Provence. C’est le printemps. Profitant d’une absence de ses parents, il s’éloigne de sa maison. Il marche vers une mystérieuse rivière dont il lui était interdit de s’approcher… Je partis à travers les champs. Ah le cœur me battait ! Le printemps rayonnait dans toute sa splendeur. Et quand je poussai le portail donnant sur la prairie, mille parfums d’herbes, d’arbres, d’écorce fraiche me sautèrent au visage. Je courus sans me retourner jusqu’à un boqueteau. Des abeilles y dansaient. Tout l’air, ou flottaient les pollens, vibrait du frémissement de leurs ailes. Plus loin un verger d’amandiers n’était qu’une neige de fleurs ou roucoulaient les premières palombes de l’année nouvelle. J’étais enivré. Les petits chemins m’attiraient sournoisement. « Viens ! Que t’importent quelques pas de plus ? Le premier tournant n’est pas loin. Tu t’arrêteras devant l’aubépine. » Ces appels me faisaient perdre la tète. Une fois lancé sur ces sentes qui serpentent entre deux haies bleues, pouvais-je m’arrêter ? Plus j’allais et plus j’étais pris par la puissance du chemin. A mesure que j’avançais, il devenait sauvage. Les cultures disparaissaient, le terrain se faisait plus gras, et çà et là poussaient de longues herbes grises ou de petits saules. L’ai, par bouffées, sentait la vase humide. Tout à coup devant moi se leva une digue. C’était un haut remblai de terre couronné de peupliers. Je le gravis et je découvris la rivière.
Henri Bosco L’enfant et la rivière. Edi. Gallimard, 1953.
Lexique :
Pollen : poussière légère produite par les fleurs, que les abeilles recueillent pour faire leur miel, ou que le vent emporte.
Les premières palombes : les jeunes pigeons nés au printemps de cette année.
Sentes : petits sentiers, chemins.
Gras :