Dissertation
Définir les termes du sujet avec précision.
Avant de renvoyer à un individu réel, le terme de sujet correspondit philosophiquement à des préoccupations logiques visant à définir les critères formel d'un discours vrai. En effet, pour dire quelque chose de l'être, encore faut-il pouvoir lui attribuer des prédicats : le sujet, chez Aristote dans ses œuvres Physique ou encore Les Parties des Animaux, a donc une fonction logique et grammaticale. Or, précisément, le discours se veut non seulement formellement correct, mais matériellement vrai : la logique n'a de sens que si elle se rapporte à l'être, que si le sujet est aussi une substance dotée de qualités sensibles. Si le sujet en vient ainsi à désigner un être réel et singulier, il n'acquiert cependant le sens spécifique d'un « je » qu'à partir du moment où la philosophie cartésienne substitue, à l'antique problème de la conformité du sujet à un objet extérieur, la question du fondement de la connaissance. Dire : « Je pense, donc je suis » , c'est, en effet, conférer au « je » cette dimension d'universalité propre à la raison humaine qui pose désormais le sujet comme principe sur lequel l'ensemble de la connaissance, de la morale et du droit va pouvoir se fonder. Être sujet, c'est rendre raison des choses et de soi-même, s'affirmer comme être libre et raisonnable. Mais justement faire du sujet un principe, n'est ce pas présupposer que la raison est toujours en position de maîtrise alors même que l'expérience de la passion, de la folie ou tout simplement la vie sociale nous présentent un sujet en situation de de perpétuelle dépossession ? A partir du XIXe siècle, avec Marx, Freud et Nietzsche, un « soupçon » est porté sur le sujet : loin d'être au principe de lui-même, le sujet est dénoncé comme étant l'effet de phénomènes qui lui échappent, rapports sociaux, processus inconscients ou volonté de puissance. De substance métaphysique, le sujet devient ainsi