L'affiche de théâtre se retrouve dans la rue, dans n'importe quel espace public, perdue dans une forêt de panneaux, pancartes, enseignes, publicités... Au milieu de la concurrence, elle vient délivrer son message : « telle pièce sera jouée à tel endroit et à telles date s ». C'est sa fonction, informative, au même titre que les panneaux horaires des arrêts de bus, aident à se déplacer. Si les affiches ressemblaient à ces panneaux, les théâtres seraient déserts. L'affiche doit attirer le regard, en se dégageant du paysage saturés de signes qu'est notre environnement urbain, surprendre, intriguer. "Elle doit arrêter l'œil, stopper le balayage permanent du champ par le regard (ce qui fait la vision ordinaire)" Michal Batory La force d'expression et l'émotion dégagées par les affiches de théâtre fait qu’on les contemple un moment parce qu'il se passe quelque chose en nous, on les trouve belles, mystérieuses... la curiosité est le premier stade de la connaissance. Il ne s'agit pas seulement d'informer, il faut séduire. On ne peut pas encore parler d'art pour l'affiche, car la séduction caractérise également la publicité : les deux usent de tous les moyens graphiques et vantent un produit en offrant au public l'idée du plaisir qu'il en en tirera. C'est à la source que les différences sont radicales. Les publicitaires vendent des voitures, de la lessive ou tout autre produit, les affichistes planchent sur un texte théâtral dont la première qualité est de résister à toute interprétation simpliste. Le publicitaire se doit d'imposer un produit anodin, l'affichiste, lui, essaie de rendre attirant un univers original. Le premier impose " c'est comme ça et pas autrement ", le second invite à une réflexion dont il est loin de connaître toutes les possibilités. Si elle doit séduire pour attirer son spectateur, qui se promenait dans la ville peut être de toute origines, l'affiche s'adressant à tous, n'a pas