Dissrt
2. Le désir se découvre lui-même contradictoire : s’il est sentiment d’un manque, d’une privation, marqué par la souffrance, il recherche sa satisfaction tout en cherchant également à la différer, la retarder…
3. C’est que nous ne savons pas ce que nous désirons : tout objet désigné par notre désir ne nous satisfait pas, sa consommation même fait resurgir le désir intact, dans une tension renouvelée. Le besoin peut être comblé, mais le désir traverse son objet et le dépasse.
4. On peut évoquer la réalisation du bonheur comme accomplissement de tous les désirs possibles, mais le risque de l’illusion demeure : débordant sans cesse les limites que le sujet cherche à lui assigner, le désir semble illimité.
5. Et donc, ce serait dans la mesure et le réglage de l’intensité du désir, c’est-à-dire l’application de la volonté à ses manifestations, que peut s’accomplir la recherche du bonheur et de la sagesse : ainsi les stoïciens veulent distinguer ce qui dépend du sujet, sur quoi sa liberté reste souveraine, et ce qui n’en dépend pas, à propos de quoi il est vain de désirer ou d’espérer. La sagesse consisterait alors à vouloir tout ce que l’on peut.
6. Derrière tous les objets qui peuvent s’offrir à la satisfaction des besoins, se profile un désir qui les dépasse et ne peut s’en satisfaire. Ce qui explique que la pulsion puisse trouver des voies très diverses, changer d’objet et de but : la pulsion sexuelle, par exemple, n’a plus la rigidité ou la fixité de l’instinct animal, et peut trouver à investir son énergie dans des œuvres et des projets non sexuels.
7. Le désir témoigne de l’inscription de l’existence humaine dans le temps, et donc de son