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Pour réhabiliter l’enseignement en classe
Chers élèves, partons d’une anecdote personnelle.
Mon fils aîné, en classe de première, a eu un DS de français dont le sujet de dissertation était libellé ainsi :
« En quoi l’évocation d’un monde très éloigné du sien permet-elle de réfléchir sur la réalité qui l’entoure ? »
J’ai d’emblée trouvé la phrase bizarre, voire bancale, et si le « corpus » (textes des Aventures de Télémaque, de Fénelon, des Lettres persanes, de Montesquieu, et de Candide, de Voltaire) permettait de deviner de quoi il retournait, je restais perplexe quant à la syntaxe d’un tel énoncé.
Mon fils m’assurait qu’il s’agissait du sujet de la session 2010, et le document était en effet une photocopie de ce qu’on pouvait conjecturer comme étant une page tirée d’annales.
Un coup de Google m’a permis de remonter à la source et de constater que le sujet originel (et officiel) était ainsi libellé : « En quoi l’évocation d’un monde très éloigné du sien permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l’entoure ? »
C’est tout de même plus correct, et plus clair.
On m’objectera qu’il s’agit là d’une simple coquille1, et que personne n’est à l’abri d’en commettre. Je l’admets, et dans mon propre cours d’introduction au thème de cette année, « le mal », j’ai parlé sans sourciller (et sans rappel à l’ordre de Word) des « nomades » (au lieu des « monades ») chez Leibniz. Mais justement, en faisant mon cours, la métathèse m’a sauté aux yeux et j’ai rectifié immédiatement le tir.
Le vrai, c’est que, comme l’assène la sagesse des nations, les paroles s’envolent, alors que les écrits restent, et surtout imprimés. La même vox populi assure aussi qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs… Mais quand le plat est truffé de… coquilles, il devient indigeste et reste sur l’estomac.
Pire : d’erreurs en fautes, on finit par dire et faire croire n’importe quoi, de sorte que « le clair » devient « noir », et le « noir »