Dans ce texte, Rousseau aborde la question du langage et de son développement. Le langage apparaît comme ce qui répond d’abord à des besoins. Dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, il s’attache à décrire d’abord l’homme à l’état de nature puis à penser le passage de cet état de nature à la société civile. Dans ce passage de l’homme naturel à l’homme civil se trouve le développement des facultés et la socialisation. Parmi ce développement, se rencontre la question du langage et de son origine. Il s’agit là d’une question qui a déjà fait fortune dans la tradition philosophique et que Rousseau se propose d’aborder ici et qui est étudiée dans un autre ouvrage, celui sur l’origine des langues. Dans ce texte que vous avez à étudier, Rousseau montre comment le langage naît d’abord des besoins. C’est en ce sens qu’il commence par souligner que le premier langage est le cri de la nature. Ce langage est universel simplement parce qu’il ne renvoie pas à la particularité des langues multiples qui seront instaurées par la suite. Chaque langue est particulière, le cri de la nature est universel. Ce cri peut être celui de la plainte ou de la douleur et dans ces conditions, restait assez exceptionnel. L’homme n’est alors pas particulièrement éloigné de l’animal. Ce cri est plus de l’ordre de l’expression que de la signification. C’est d’ailleurs en distinguant l’expression de la signification que Aristote, dans la Politique, distinguera l’animal de l’homme et dira que l’homme est le seul être qui parle. Les signes, c’est-à-dire la signification apparaît et se développe avec l’extension des idées. Pour donner un exemple, la douleur conduit à pousser un cri qui est l’expression de celle-ci ; par contre, un jugement, par exemple le jugement d’utilité, ne conduit pas à pousser un cri puisqu’il renvoie à une idée, celle de l’utilité. Prononcer un tel jugement suppose un développement de l’idée mais aussi du signe qui l’accompagne, en