Doit-on justifier la force à défaut de fortifier la justice ?
Se poser la question de savoir si l’on doit justifier la force à défaut de fortifier la justice, c’est se demander si plus la justice est faible, plus la force est forte, ou inversement. Autrement dit, il s’agit d’interroger la relation entre la force et la justice, en son double sens, comme vertu et comme système de la légalité.
I. Justification de la force – faiblesse de la justice
a) La justice comme illusion
b) Seule la force peut faire respecter les lois
c) Légalité et légitimité
II. La justice véritable comme négation de la force
a) La charité
b) La solidarité
c) Vertu morale ou vertu juridique ?
III. La justice entre liberté et contrainte
a) L’impératif juridique
b) La justice entre rationalité et finitude
c) La force « raisonnable »
La force s’oppose-t-elle à la justice ? Obéissons-nous aux lois parce que nous les trouvons justes ou au contraire parce que nous avons peur de la sanction ?
L’enjeu est de réfléchir à la nature du lien entre force et justice. La justice peut-elle se passer du recours à la force pour s’établir et se faire respecter ?
Dans un premier temps, nous verrons que c’est la fragilité de la justice qui justifie l’utilisation de la force. Puis nous montrerons à l’inverse que l’idée de justice semble au contraire exclure le recours à la force, puisque ce qu’elle vise c’est précisément le dépassement des rapports de force et de violence, comme dans le cas de la vengeance, entre les hommes, pour instituer des rapports d’égalité, de liberté, voire d’amitié ou d’amour. Comment dès lors comprendre la notion de force à partir de l’idée même de justice, comme création d’un ordre qui tend à exclure la violence, sans pourtant pouvoir s’en passer tout à fait ?
La justice pour Épicure n’est rien en soi. Elle est simplement l’expression de la nécessité pour les hommes d’organiser la vie en commun, à partir de règles et de normes imposées par un